Introduction

 

La valorisation des élèves est pour tous un vecteur essentiel de réussite scolaire et d’épanouissement personnel. Or le retentissement des pathologies chroniques peut perturber les apprentissages, induire un absentéisme empêchant les jeunes concernés de participer pleinement à tous les temps scolaires, mettre à mal leur confiance en eux. C’est pourquoi se poser la question de la valorisation des élèves malades est important et conduit à se demander quels peuvent être leurs besoins éducatifs particuliers dans ce domaine. Ces questions concernent les enseignants et les AESH (Accompagnants d’Elève en Situation de Handicap) qui sont parfois amenés à accompagner des élèves malades et en situation de handicap.

 

BEP (Besoins Educatifs Particuliers)

 

Les répercussions des maladies sur la scolarisation peuvent entraîner des besoins éducatifs particuliers (BEP). Pour l'école, il s'agit en premier lieu de faciliter l'accès aux apprentissages pour les élèves, qu'ils soient, malades ou non, en mettant en oeuvre des pratiques bénéfiques à tous (Voir les fiches de la rubrique jaune "Rendre l'école accessible"). Mais pour certains jeunes malades, des aménagements spécifiques doivent être réalisés, concernant la vie scolaire et/ou les temps de classe. Il s’agit de leur permettre d'apprendre au mieux de leurs capacités, dans un contexte favorable et grâce à des adaptations pédagogiques individuelles ou au sein de petits groupes.

 

Pourquoi valoriser les élèves

 

Le principe d’éducabilité postule que tout enfant ou adolescent est éducable, capable d’apprendre et de progresser. Dès lors il s’agit de favoriser la réussite de tous les élèves et un accompagnement bienveillant est nécessaire. En effet, tout véritable apprentissage déstabilise sur le plan cognitif puisqu’il nécessite de faire évoluer les représentations initiales de celui qui apprend pour le conduire vers une autre compréhension des faits et des phénomènes étudiés. Apprendre quelque chose de nouveau, c’est inévitablement pour l’élève s’ouvrir à des points de vue différents, se confronter aux arguments des autres, lors des situations d’apprentissage proposées par l’enseignant, des échanges qui en découlent avec leurs camarades,  des lectures et diverses consultations documentaires réalisées. Cette confrontation peut être difficile pour certains jeunes, du fait d’un manque de confiance en eux. Dans certains cas, elle peut conduire à l’échec scolaire, au rejet de l’école et aboutir à un décrochage scolaire. Pour certains jeunes malades, la question est prégnante et peut être liée à différents facteurs :

- l'existence d’Aspects visibles de la maladie est une expérience éprouvante, de même que le fait de ne pas pouvoir suivre le même rythme de vie que les camarades du même âge ; tout ce qui distingue des autres au quotidien peut être la source d’un manque de confiance en soi ;

- la fatigue, les douleurs, les absences fréquentes (consultations médicales, hospitalisations…) et un temps de scolarisation réduit (rééducations empiétant sur l’emploi du temps en classe) peuvent induire une difficulté à se réinvestir dans les activités de la classe au retour, entraîner un retard scolaire;

- des troubles cognitifs associés à la pathologie : selon les cas, il peut exister ou non des troubles de la mémoire, un manque de flexibilité mentale (difficulté à changer de stratégie, à s’adapter à des situations nouvelles…), une dysphasie, des troubles de l’attention… qui vont gêner les apprentissages ;

- le retentissement psycho affectif de la maladie entrave parfois le désir d’apprendre.

Cette liste n’est pas exhaustive. Il faut ajouter qu’à l’inverse certains élèves malades vont investir l’école et les apprentissages de façon très forte et réussir pleinement .

Différentes observations peuvent permettre de se rendre compte qu’un élève manque de confiance en lui (les AESH qui travaillent au plus près de l’élève sont bien placés pour repérer ces manifestations) : l’élève peut avoir tendance à se culpabiliser, à se dévaloriser, à se mettre souvent en retrait ; il peut montrer une timidité excessive et avoir du mal à se faire des camarades. Mais il peut aussi être facilement frustré, en colère, impulsif, chercher à attirer systématiquement l’attention… Il va souvent se sentir incapable de faire ce qu’on lui demande, se sentir inférieur, s'évaluer d'après ses échecs et les critiques que les autres lui adressent.

La valorisation des élèves, quels qu’ils soient, renforce leur confiance en eux, leur permet de se sentir plus sûrs d’eux, plus capables. Elle peut favoriser leur persévérance scolaire, leur bien-être et par là-même leur santé globale (physique, mentale et sociale).

Le fait qu’un enseignant ou un AESH valorise de façon régulière et pertinente les élèves peut les conduire à une attitude bienveillante et une compréhension mutuelle.  Cela peut contribuer à leur apprendre la solidarité, notamment envers les plus vulnérables, et à les former en tant que citoyens.

 

Comment valoriser les élèves

 

Identifier les atouts et les ressources de chaque élève

C’est indispensable pour tous les élèves. Cependant, chez les élèves malades, c’est une démarche incontournable qui va permettre de ne pas les voir uniquement sous l’angle de leurs troubles et de leurs incapacités éventuelles. Sans se référer à un portrait type qui n’aurait aucun sens, on peut cependant souligner que bon nombre d’élèves malades, du fait de leur expérience de vie, des épreuves qu’ils traversent, ont une maturité plus grande que leurs camarades du même âge. Ils peuvent avoir des connaissances et des compétences particulières. Par exemple, leur fréquentation du monde médical et hospitalier peut leur donner des connaissances plus approfondies en biologie et dans le domaine de la santé. Ceux, dont la maladie entraîne des troubles moteurs et qui sont équipés de matériel informatique ont des compétences dans ce domaine. Lors des temps de scolarisation à l’hôpital, ils participent parfois à des projets particuliers : suivi du blog de grands voyageurs, projets musique qui les font travailler sur des thématiques qui peuvent être enrichissantes pour les autres quand ils reviennent dans leur école d’origine… (Voir Enseigner à la hôpital)

Paroles et gestes

L’enseignant ou l’AESH peut encourager, féliciter, complimenter de bien des façons. Cela passe par différents canaux.  Par la parole, il est intéressant de faire des remarques personnalisées et contextualisées (“Tu as bien réussi ce problème difficile. Avant tu ne savais pas comment faire avec les problèmes à deux opérations” ou bien “Tu te rappelles, la semaine dernière tu n’avais pas compris et aujourd’hui, ça y est! Bravo!”), plutôt que de répéter à chaque fois des phrases standard (“C’est bien”). Par le regard et par le sourire, l’adulte peut aussi montrer  son intérêt et encourager. Il peut applaudir. Pour les élèves les plus jeunes, à condition qu’ils l’acceptent et de façon respectueuse, il peut parfois mettre la main sur l’épaule ou sur la tête, ou prendre la main, dans un geste de soutien, d’appui.  Pour le professeur, il est important de circuler dans les rangs, d’être près des élèves, de ne pas rester tout le temps à son bureau.

Posture

La posture de l’enseignant doit tenir compte de nombreux éléments pour s’adapter aux besoins de chaque élève. Un certain nombre de pistes générales peuvent être indiquées mais c’est l’expérience de chacun et la connaissance de ses élèves construites au jour le jour qui guideront vers des attitudes appropriées. Avec certains élèves malades la tâche suppose une connaissance approfondie du jeune, pour évaluer ce qui peut ou non lui être demandé, à tel ou tel moment, en fonction de sa fatigue par exemple et il n’y a bien sûr pas de réponse stéréotypée.

La valorisation des élèves passe par le respect de leurs émotions et de leurs sentiments. Il s’agit donc d’installer un climat de classe le permettant (Voir Émotions). C’est lié au fait que les encouragements et compliments adressés  puissent être ressentis comme authentiques par l’élève. Il s’agit de le féliciter régulièrement, assez mais pas trop, à des occasions pertinentes, de façon spontanée et variée. Pour que l’élève appréhende clairement la justesse des remarques, il doit avoir eu connaissance en amont de ce qui est précisément attendu de lui dans telle ou telle activité. En outre, le succès doit être explicitement attribué à ses efforts et à ses capacités, ce qui lui ouvre la perspective d’un renouvellement de sa réussite dans l’avenir.

Pour pouvoir valoriser suffisamment l’ensemble des élèves, il ne faut pas seulement valoriser les réussites, mais il faut complimenter pour les efforts.

Valoriser, c’est aussi dire ce qui ne va pas, ne pas leurrer l’élève sur ses compétences, l’informer de ses erreurs, tout en les dédramatisant (Voir Erreur et apprentissage).

L’AESH n’a pas la responsabilité pédagogique de l’élève. Mais il a un rôle non négligeable d’encouragement auprès de lui.

 

Quelques écueils à éviter

 

Ne pas confondre valorisation et récompense

Les récompenses matérielles (type “bon point”) ou la bonne place dans un classement, même si elles peuvent parfois être employées, exposent au risque que des élèves ne travaillent que pour la récompense et que certains soient dévalorisés. Elles sont susceptibles de brouiller le sens des apprentissages, de détourner du plaisir d’apprendre et du goût de l’effort intellectuel. Par contre, des dispositifs tels que les ceintures, employées dans le cadre de la pédagogie institutionnelle peuvent constituer des pistes intéressantes pour motiver les élèves dans une autre perspective (Voir Ceintures de comportement). Il faut veiller à les rendre accessibles aux élèves malades, même quand ils ont souvent absents.

Ne pas oublier de valoriser les élèves qui progressent peu

Certains élèves malades, du fait des difficultés déjà évoquées, sont dans cette situation et progressent lentement. Il faut donc essayer de diversifier les domaines où l’on va valoriser les élèves. Outre les apprentissages disciplinaires, on peut valoriser le comportement : autonomie, capacité d’initiative, sens des responsabilités, gestion des émotions, capacités de résistance à la pression des camarades, respect d’autrui et du matériel, efforts réalisés...

Continuer de valoriser les élèves qui réussissent régulièrement

C’est un écueil possible de banaliser la réussite devenue “trop habituelle” de certains élèves. Il faut y penser avec des élèves malades très investis dans les apprentissages.

 

Démarches pédagogiques valorisant les élèves

 

Un certain nombre de démarches pédagogiques favorisent la valorisation des élèves malades et profitent à tous les élèves :

- la pédagogie de projet : les élèves malades peuvent s'engager et s'inscrire dans une temporalité différente de celle de la maladie. « Objets » dans des mains médicales expertes, ils redeviennent des sujets qui agissent et choisissent. Participant à un projet collectif, ils sont alors des élèves comme les autres qui contribuent à la réussite du groupe.

- la dédramatisation du statut de l’erreur a de nombreux effets bénéfiques : déculpabilisation, meilleure réflexion métacognitive, développement de la capacité à s’autoévaluer, prise de conscience qu’élèves valides et élèves malades font le plus souvent les mêmes types d’erreurs banales et que toutes les erreurs ne sont pas en lien avec les répercussions des troubles…

- l’appui sur des activités d’expression qui vont susciter et faciliter les échanges avec les autres et par là-même apprendre à se connaître avec ses qualités et ses limites comme tout un chacun.

- les démarches de différenciation et d’adaptation doivent compléter, en cas de besoin, les démarches pédagogiques générales que l’on vient d’évoquer. Selon les BEP de l’élève malade, il s’agit d’adapter pour lui seul ou dans le cadre d’un groupe de besoins, les consignes et/ou les supports et /ou le rythme d’apprentissage … Cela rendra la situation d’apprentissage accessible à tous, favorisera la réussite de tous et ainsi valorisera les élèves.

- la démarche d’évaluation doit se faire à la suite d’un entraînement cohérent et adapté. Pour cela, il est notamment souhaitable de présenter et d'expliciter les objectifs de la séquence (savoirs et compétences) et de savoir individualiser les exigences. Lors de l’évaluation, il faut s'attacher à identifier les éléments réussis par chacun, même modestes, plutôt que de s'attacher aux échecs et ne pas hésiter à réévaluer les compétences précédemment non acquises pour observer les progrès.

 

Deux exemples d’activités en classe

 

Dans la mesure du possible, il est souhaitable d’inscrire ces activités dans un projet plus large (séquence de français ou d'Éducation morale et civique, éducation à l’orientation…)

 

Apprendre à valoriser ses camarades

Dans le cadre d’une séance d'Éducation morale et civique, avec pour objectif de rendre les élèves acteurs dans la lutte contre la violence physique, verbale ou psychologique, un temps collectif est organisé chaque semaine. Chaque élève de la classe doit exprimer oralement quelque chose de positif, bienveillant, intéressant, innovant ... qu’un autre élève de la classe a fait.

 

Mieux se connaître

La fleur des qualités

En cycle 2 ou 3, on peut s’appuyer sur une liste d’adjectifs “positifs” (plus ou moins longue et élaborée selon le niveau des élèves) pour leur faire rédiger un autoportrait.

Consigne à adapter selon le niveau (nombre d’adjectifs, longueur du texte…) :

- Lis la liste des adjectifs

- Choisis plusieurs adjectifs qui te correspondent

- Rédige ton portrait dans un texte de X lignes en employant les mots que tu as choisis dans la liste.

Voir la liste : La fleur des qualités – liste de mots pour enrichir mon vocabulaire On dit que je suis ...

 

Concept des intelligences multiples

Parmi les nombreuses grilles d’intelligences qui ont été élaborées, la théorie des intelligences multiples d’Howard Gardner propose les 8 composantes suivantes :           

L'intelligence corporelle/kinesthésique                     

L'intelligence logique-mathématique

L'intelligence musicale/rythmique

L'intelligence naturaliste

L'intelligence verbale-linguistique

L'intelligence visuelle/spatiale

L'intelligence interpersonnelle

L'intelligence intrapersonnelle

        

Une activité au niveau du collège ou du lycée peut consister à faire un test permettant de connaître son profil cognitif. Ainsi chaque élève peut constater que chaque personne possède toutes les formes d’intelligence et mieux connaître ses ressources, ce qui peut l’inciter à vouloir les développer (Voir Questionnaire pour déterminer mon profil des 8 intelligences Version élèves)

 

Récapitulatif des points principaux

 

- Valoriser les élèves malades est important pour éviter échec et décrochage scolaires et favoriser la continuité de leur parcours.

- Cela permet en outre de promouvoir leur santé globale.

- Les élèves malades avec leurs atouts parfois spécifiques constituent une richesse pour leur classe.

- Les enseignants et les AESH peuvent les valoriser par des paroles, des gestes, une posture.

- Mais c’est aussi beaucoup par des choix pédagogiques que les jeunes malades sont valorisés à l’école.

- L’essentiel de ce qui est mis en oeuvre pour répondre à leurs BEP est bénéfique à l’ensemble des élèves.

27/07/2018

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Circulaire n° 2017-084 du 3-5-2017: Missions et activités des personnels chargés de l'accompagnement des élèves en situation de handicap

Aménagement des examens ou concours pour les candidats présentant un handicap : textes officiels. Bibliographie INS HEA

ORNA L'Observatoire national des ressources numériques adaptées recense des ressources numériques utilisables par des professeurs non spécialisés confrontés à la scolarisation d'élèves en situation de handicap (logiciels, applications tablettes, matériels, sites internet, cédéroms, DVD-Rom, bibliothèques numériques.

Le parcours éducatif de santé Site Eduscol

Comité d'Education à la Santé et à la Citoyenneté (CESC) Site Eduscol

 

 

Enquête et partage