Introduction

Le rituel à l’école est un moment régulier et répété de courte durée, il consiste en une activité scolaire fréquemment reproduite. C’est donc par sa régularité et sa fréquence qu’une activité peut devenir progressivement un rituel.

Issu du latin « rituales libri » (livres traitant des rites), le mot « rituel » qualifie ce qui est conforme ou réglé par un rite. Les rituels se définissent comme des pratiques à caractère social, qui ont un rôle de renforcement de l’ordre social et de la cohésion du groupe. Ils ont pour caractéristique de créer un espace commun dans lequel se construisent des pensées et/ou des actes partagés. Les rituels comportent de multiples aspects, liés à leurs dimensions individuelle et collective, psychologique et sociale, cognitive et émotionnelle.

Espace de construction du groupe social et des apprentissages, l’école est ainsi un lieu où le rituel a sa place et son rôle.

En outre, pour répondre à des besoins éducatifs particuliers conséquents à une situation de handicap, certains rituels scolaires peuvent être utiles, voire nécessaires pour que certains élèves malades apprennent plus aisément. Dans certaines situations, les rituels demanderont à être aménagés pour que tous les élèves puissent en bénéficier.

 

Place des rituels à l’école

On les retrouve dans les textes officiels et dans les pratiques pédagogiques des enseignants. C’est à l’école maternelle que se construisent chez les enfants de nombreuses règles sociales et que les rituels sont explicitement préconisés par les programmes scolaires. « Dans un premier temps, les règles collectives sont données et justifiées par l'enseignant qui signifie à l'enfant les droits (s'exprimer, jouer, apprendre, faire des erreurs, être aidé et protégé...) et les obligations dans la collectivité scolaire (attendre son tour, partager les objets, ranger, respecter le matériel...). Leur appropriation passe par la répétition d'activités rituelles. ».

Bien qu’ils n’apparaissent plus dans les programmes après le cycle 1, les rituels continuent d’être des outils utilisés par de nombreux enseignants jusqu’au cycle 4. Certains sont toujours au service de l’appropriation de règles institutionnelles ou sociales, comme « l’appel ». D’autres fournissent un cadre d’apprentissage reconnu et sécurisant, par des routines de fonctionnement offrant une sécurité intellectuelle ou par des activités pour automatiser règles et savoirs ou pour apprendre, par exemple faire du calcul mental ou une dictée de mots, relever la température extérieure ou mesurer la poussée d’une plante, réaliser une courte activité orale de syntaxe lors de l’apprentissage d’une langue étrangère.

Différents mouvements pédagogiques inscrivent dans leurs pratiques des rituels spécifiques : le conseil d’élèves dans la pédagogie de Célestin Freinet, les règles de choix ou de rangement et les bilans après les ateliers avec Maria Montessori, les groupes de parole préconisés par Fernand Oury.

Enfin, certains rituels peuvent aider des élèves malades ayant des besoins éducatifs particuliers. Par exemple, l’aspect répétitif d’une comptine peut compenser des troubles de la mémorisation, une activité connue peut aider l’élève à se concentrer s’il a des troubles de l’attention …

Les rituels à l’école marquent les limites de ce qui est licite et ce qui ne l’est pas. Ils favorisent les apprentissages pour tous et créent un sentiment d’appartenance à un groupe, ce qui très important pour les élèves dont la maladie induit un absentéisme conséquent.

 

Les fonctions des rituels à l’école

Le rituel à l’école crée donc des conditions favorables aux apprentissages. Il construit un cadre sécurisant qui permet à l’élève d’oser entrer dans les activités d’apprentissage et de se mettre en danger, en risque d’échec. Il structure la vie de l’élève et propose des repères d’espace (endroit de la classe où l’activité a lieu), de temps (dans la journée, la semaine, le mois) et de progrès (évolution du rituel en fonction des acquis). Il permet la construction de savoirs et de savoir-faire dans divers champs disciplinaires. Le rituel répond aussi, pour certains élèves, à un besoin d’appropriation, par sa régularité et sa fréquence. Il développe la mémoire par sa répétition, des capacités d’anticipation, de la confiance en soi et de l’autonomie par son caractère connu.

Une activité ritualisée de devinette peut aider à mobiliser l’attention avant de se concentrer sur un apprentissage… Certains rituels servent à introduire un travail : un temps d’écoute d’une œuvre musicale peut précéder systématiquement une séance d’éducation musicale. Le rituel « Un jour, une œuvre » peut introduire un travail en arts visuels. Un tableau ou une sculpture est présenté(e) et exploré(e) collectivement. L’enseignant peut choisir un artiste pour la semaine et proposer chaque jour une œuvre différente.

Du point de vue social, il assoit les règles de vie scolaire. Partagé collectivement, il a, de fait, une vertu symbolique car il développe un sentiment d’appartenance au groupe. Enfin, le rituel permet souvent à l’enseignant une gestion de l’hétérogénéité des besoins et une différenciation des tâches qu’il propose, en variant les supports et les activités. Dans le « Chaque jour compte », par exemple, il s’agit de compter les jours d’école depuis le début de l’année scolaire (le trentième, le cent-vingt-quatrième...) Plusieurs façons d’écrire ou de représenter le nombre sont proposées, ce qui induit des activités différentes : choisir dans un ensemble d’étiquettes variées (nombres écrits, mains avec doigts tendus, constellations de points, additions de nombres…), écrire le nombre sur une affiche, le représenter avec des pièces de bois… Chaque élève accomplit donc une tâche différente. La mise en commun permet ensuite de s’assurer que le nombre est le même pour tous et de partager diverses représentations d’un même nombre. Le rituel peut aussi contenir des activités distinctes qui seront réparties au sein du groupe : pour prendre l’exemple de « la météo », plusieurs données peuvent être récoltées comme observer par la fenêtre pour décrire le ciel, lire la température sur un thermomètre placé à l’extérieur, rechercher sur internet (via un ordinateur ou une tablette) le temps prévu pour la journée, disposer dans un espace dédié une étiquette correspondant au temps observé ou prévu, faire tourner la flèche d’une roue pour la diriger sur le dessin correspondant, indiquer dans un graphique la température relevée et construire une courbe… Ainsi, l’enseignant propose à tous le rituel, mais répartit les actions diversifiées en fonction des élèves et de leurs besoins.

 

Caractéristique contractuelle du rituel

Quand le rituel est installé, il devient contractuel : l’élève sait ce qu’il doit faire, comment et quand. L’élève sachant ce qu’on attend de lui peut alors anticiper. Pour certains élèves en difficulté, c’est bien l’aspect répétitif de l’activité qui leur permet progressivement d’entrer dans le contrat. 

Ce contrat est parfois didactique, en lien avec un domaine d’apprentissage. Dans un rituel de calcul mental débutant une séance de mathématiques, lorsque l’enseignant demande aux élèves de prendre une ardoise, ils savent qu’ils auront à noter dessus avec le stylo adéquat le résultat de l’opération donnée. Le rituel permet donc de travailler des contenus d’apprentissage mais aussi des méthodes et des démarches de travail. Par son aspect répétitif, il peut permettre à l’élève d’établir des comparaisons sur ses performances, au jour le jour et au fil du temps, et peut être pour lui révélateur de ses progrès.

La forme et le contenu des rituels sont d’ailleurs amenés à évoluer au cours du temps, ce qui leur permet d’étayer et d’accompagner les savoirs. Par exemple, l’apprentissage de la comptine numérique, qui augmentera dans le temps en maternelle, se construit en partie lors d’un rituel collectif.

Le contrat attaché à un rituel peut être lié à des fonctions sociales. Par exemple, se mettre en rang pour sortir dans la cour permet tout à la fois d’être reconnu comme membre du groupe et de délimiter la place de chacun dans le groupe.

 

Différents types de rituels

Il existe différents types de rituels à l’école, certains spécifiques à l’institution, d’autres utilisés dans les autres lieux de vie de l’enfant. Qu’ils soient liés aux apprentissages fondamentaux ou qu’ils aident à construire un espace d’autonomie, les rituels sont très variés. Ils peuvent être de politesse, de transition, de rupture, de passage, mais être aussi culturels et traditionnels, en lien avec des éléments de la mémoire collective.

On peut évoquer quelques exemples : rituel de politesse en début de journée de classe (on se regroupe pour se dire bonjour) ; rituel de rupture à la fin de la journée (on range ses cahiers dans l’espace réservé ou dans son sac).

Les rituels de transition sont importants pour accompagner, selon l’âge, la rupture avec la famille, avec l’extérieur, avec la récréation ou avec le soin (ex : séances de rééducation intervenant sur le temps scolaire). Ils permettent au jeune, et notamment quand il est malade, de conserver une continuité malgré les changements de personnes, de groupes, de lieux, de rythmes qui ponctuent sa journée. Concrètement, en entrant en classe, l’élève peut commencer par poser son sac à sa place, déplacer sa photo pour indiquer qu’il est en classe ou aller prendre ses livres dans un placard.

Enfin, des rituels culturels ou traditionnels vont structurer la vie de la classe, tels que fêter les anniversaires, décorer la classe au moment de Noël, chanter des chansons du répertoire culturel.

 

Rituels scolaires : activités, supports, BEP

Les rituels sociaux aident au fonctionnement de la classe. Ils concernent l’accueil (l’enseignant attend l’élève à la porte de la classe, va le chercher où il se trouve, l’élève dit bonjour en entrant), les déplacements (l’élève ne quitte pas la classe selon son envie, ne change pas de place sans cesse dans la salle de classe, le groupe se déplace ensemble, dans le calme, en rang…), l’habillage (les vêtements sont placés dans un endroit précis, l’élève se protège du froid ou de la pluie s’il sort dehors, ses lacets sont attachés,…), la prise de parole (les élèves ne parlent pas tous en même temps, ils doivent demander la parole…) Ainsi se construisent peu à peu des règles d’une vie collective. 

L’accueil de l’élève malade qui revient après un temps de rééducation ou bien après une absence nécessite une vigilance particulière de la part de l’enseignant pour que le jeune puisse être véritablement inclus dans le groupe de ses pairs et puisse entrer dans les situations d’apprentissage. Il s’agit de le valoriser par quelques paroles d’accueil, qui lui montrent l’attention qu’on lui porte sans le stigmatiser. De la même façon, sa prise de parole devra souvent être encouragée.

Il peut exister des situations où les répercussions d’une maladie demandent des aménagements des règles de déplacement. Par exemple, des élèves doivent pouvoir aller librement aux toilettes ou bien pouvoir bouger du fait de douleurs chroniques. Ces éléments pourront être précisés dans le PAI (Projet d’Accueil Individualisé) ou dans le PPS (Projet Personnalisé de Scolarisation).

Par ailleurs, concernant des jeunes dont la maladie a pour répercussion une difficulté dans les déplacements : accompagnement par un(e) AESH (Accompagnant(e) d’Elève en Situation de Handicap), élèves en fauteuil…, il faut réfléchir à l’organisation des entrées et sorties pour que l’élève ne soit pas systématiquement isolé de ses camarades. A tour de rôle, un ou deux d’entre eux peuvent être avec lui et l’éventuel AESH, quand les déplacements se font en horaire légèrement décalé pour éviter les bousculades dans les couloirs.

Dans leur rôle de sacralisation, les rituels construisent aussi un cadre de temps et d’espace structuré et protégé, favorable aux apprentissages, ainsi par exemple, les rituels d’appel, de calendrier, de numération ou de météo.

Ils prennent la forme de moments spécifiques (rituels du matin, de début de séance) et s’appuient aussi sur des outils participant au rituel (affichage, objet référent, tablette tactile). Des objets ou des outils peuvent être en eux-mêmes des rituels, leur utilisation étant le déclencheur d’une action ou d’une activité. L’enseignant utilise une marionnette qui s’adresse aux élèves de maternelle et à laquelle ils répondent lors de temps de langage. La « caisse de sciences » n’est sortie qu’au moment des activités scientifiques. Le cahier de vie ou de correspondance est un objet rituel de passage de la vie de l’école à celle de la maison. Le rituel de « l’objet mystère » (qui propose aux élèves d’apporter un objet en classe, à tour de rôle, et de faire deviner aux autres ce que c’est) est un autre exemple de rituel de transition.

Certains pictogrammes peuvent être utilisés pour indiquer une activité comme un œil indiquant un moment d’observation, ou un vêtement qui indique l’endroit où le manteau doit être placé. L’utilisation des pictogrammes va renforcer la compréhension des élèves avec difficultés cognitives.

La tablette numérique peut être utilisée de façon ritualisée pour une activité spécifique ou pour un travail en autonomie à certains moments de la journée, pour travailler une compétence ou réaliser un projet comme filmer des interviews pour le blog de l’école.

Qu’ils soient marqueurs temporels ou porteurs de règles sociales, qu’ils soient des intermèdes pour se concentrer ou changer d’activité, qu’ils permettent de réactiver des acquis ou de mémoriser durablement, les rituels s’inscrivent dans la vie de la classe, au sens où ils visent toujours à favoriser les apprentissages et/ou la socialisation. Marqueurs de temps ou de durée, ils concernent principalement la date, l’emploi du temps, le programme ou bilan des activités de la journée ou de la semaine. Porteurs d’organisation collective, on les trouve dans la répartition des responsabilités, des rôles (tableau de répartition des tâches de vie de la classe sur la semaine comme compter les élèves qui déjeunent à la cantine, arroser les plantes ou nourrir l’élevage, installer le matériel de certaines activités, aller jeter les éléments recyclables…), dans les outils relevant présences ou absences, dans l’organisation des déplacements (le groupe ne quitte pas la classe avant d’être rangé par deux, l’élève quitte sa place quand son travail est terminé…) et des rangements (chaque chose à sa place, à la fin de l’activité, le matériel est rangé grâce à des indications écrites ou en pictogrammes).

Pour les élèves malades, il est nécessaire d’être vigilant par rapport à une éventuelle absence lors de la mise en place ou de l’évolution des rituels, de façon à pouvoir les informer d’éventuelles nouveautés dans le fonctionnement de la classe. Cela peut être fait en s’adressant à l’ensemble du groupe. Il est généralement intéressant de rappeler périodiquement, de façon interactive avec les élèves, les modalités de fonctionnement de la classe. En outre, malgré des absences, les élèves malades doivent pouvoir participer à tous les rituels ; c’est-à-dire qu’il faut anticiper pour que l’élève qui a dû abandonner une responsabilité à un moment donné puisse la retrouver à un autre moment de l’année : dès son retour ou plus tard, selon les situations.

Concernant les rituels culturels ou traditionnels (Noël, anniversaires…), l’élève absent du fait d’un épisode de sa maladie et/ou d’une hospitalisation doit être tenu informé de ces événements (mails, photos, lettres, dessins…) et associé, à distance, quand il le souhaite (échanges avec lui selon les mêmes modalités).

Constructeurs de règles sociales, les rituels mettent en place des règles de politesse, de prise de parole, de prise en compte des autres, mais aussi de posture corporelle (être bien assis) ou d’hygiène (se laver les mains avant de manger). Certains élèves malades pourront être valorisés, car à même de rendre compte de connaissances expertes dans le domaine de la santé lorsque la classe sera amenée à aborder les questions d’hygiène corporelle par exemple.

Supports de contenus didactiques, les rituels peuvent être installés dans la majorité des champs disciplinaires. En voici quelques exemples : 

Dans « la boite à énigmes », chaque jour, un élève pioche un papier contenant un mot ou une phrase qu’il lit à tout le groupe, pour lancer une activité. Il peut s’agir de :

- « Mots cousins » : trouver ce qui relie deux mots (il peut s’agir de synonymes, de contraires, d’homonymes…)

- « Mot du jour » : découverte d’un mot écrit ou représenté par une image avec sa définition, d’une expression française

- « Jeu d’Identité » : savoir son nom de famille, son âge, le nom de sa rue, le nombre de frères et sœurs, sa couleur préférée etc…

- « Phrase du jour » : que l’on peut décliner dans de nombreux domaines. Par exemple, il peut s’agir d’une activité de grammaire, en lien avec la progression, comme identifier le sujet de la phrase. L’activité peut être la même sur toute la semaine pour consolider des acquis.

- « Virelangues » : phrases courtes et difficiles à prononcer oralement et rapidement comme Suis-je bien chez ce cher Serge ?, qui permettent un travail de diction ou d’expression orale et qui peuvent être dit dans le cadre d’un concours par équipe…

- Charade, devinette, recherche d’intrus (ex : monnaie, clou, théâtre, maison. Réponse : le clou. C’est le seul qui n’a pas de pièces.)

- Enigme mathématique (ex : une énigme chiffrée comme « Il y a 4 A… D… dans un R… », 4 angles dans un rectangle)

- Problème mathématique, qu’un élève présente aux autres ou qu’il place dans un cahier pour une recherche individuelle

D’autres modalités de présentation et d’autres supports sont possibles :

- « Un jour, une découverte » : une fiche avec photo et texte présente une découverte, un scientifique…

- « Qui suis-je ? » est un rituel en histoire où chaque jour à la porte de la classe est affichée une image représentant un personnage historique ou un texte le décrivant et que les élèves doivent découvrir

- « Un jour, un lieu » sur le même principe avec un lieu, une ville, un monument et qu’il faut ensuite situer sur une carte de France ou un globe terrestre

 En éducation physique et sportive (EPS), on peut proposer de petits exercices ritualisés de mobilisation des articulations, de mobilisation des muscles du visage par un exercice de grimaces, de reconnaissance des bruits par une écoute attentive de son environnement, autant de rituels possibles qui mobilisent le corps et réduisent les tensions pour gagner en concentration. Certains aménagements seront nécessaires avec un élève dont la maladie a des répercussions motrices ou sensorielles. Dans certains cas, ce peut être lui qui lance et arrête l’activité. Ou bien on peut associer plusieurs activités sur un même temps. Par exemple, exercices ritualisés d’EPS pour un demi-groupe et écoute de l’environnement pour l’autre… Il faut imaginer comment proposer, simultanément, à chacun, des activités accessibles et ayant du sens.

Concernant les activités artistiques, on peut proposer une écoute musicale quotidienne et/ou l’observation d’une œuvre plastique, comme cela a déjà été évoqué.

Dans le second degré aussi, certains rituels sont mis en œuvre. Ainsi, l’espace numérique de l’académie de Rennes propose des rituels mathématiques pour le collège et le lycée. Leur objectif est de favoriser mémorisation, réflexes intellectuels et automatismes, en réponse aux attendus des programmes. Autre exemple, des rituels d’entrée en classe d’anglais au collège pour faciliter la transition d’une discipline à l’autre, et des rituels de sortie pour s’assurer que tous ont compris la notion, sont proposés aux jeunes professeurs de l’académie de Poitiers.

En fonction des répercussions de la fatigue, il est toujours nécessaire de veiller à l’aménagement des rythmes de travail pour les élèves malades. Cela peut parfois concerner des activités en lien avec les rituels. (Voir fiches Rythmes scolaires, Fatigue).   Certaines maladies entraînent des troubles cognitifs spécifiques (« dys ») ; dans ce cas aussi certaines adaptations pédagogiques devront être mises en œuvre (ex : adaptation de supports pédagogiques, répétition, reformulation de consignes, etc.) et selon les situations, on peut se référer au PAP (Plan d’Accompagnement Personnalisé).

 

Intérêt des rituels pour les élèves porteurs de maladie chronique

 

Élèves malades scolarisés à l’hôpital (les rituels à l’hôpital)

À l’hôpital, les règles de vie sont particulières, liées aux soins (règles d’hygiène, gestes professionnels), à la maladie (interdits, temporalité extraordinaire), aux risques (désinfection, protection), à l’espace particulier (mobilité réduite, aménagements et matériels médicaux nécessitant des attentions particulières, respect du silence ou du calme), aux professionnels et aux équipes (organisation et répartition des actes médicaux, secret médical), à la diversité du public d’enfants ou de jeunes accueilli (âges, origines, raisons de l’hospitalisation). Ces règles s’opposent souvent à celles de la vie quotidienne ordinaire d’un jeune et lui sont souvent très étrangères, elles sont directement conséquentes des contraintes de soins et des objectifs de santé. Elles sont astreignantes, parfois vécues comme très violentes, souvent incompréhensibles ou imprévisibles (horaires précis de prise de médicaments, immobilisation, placement en espace stérile…). Des rituels spécifiques découlent ainsi de l’institution hospitalière, rituels différents de ceux de l’école, auxquels l’enfant hospitalisé se trouve confronté. Les rituels scolaires peuvent alors construire, au cœur de l’hôpital, des espaces protégés d’apprentissage dans lesquels l’enfant-élève se reconnaît.

Passant régulièrement d’un monde à un autre au cours de sa journée (du service hospitalier à l’école de l’hôpital, des soins aux apprentissages, de la maladie à la santé, du différent à l’identique), les rituels scolaires donnent à l’enfant porteur d’une maladie chronique des repères de normalité. Le cadre hospitalier est souvent vécu comme insécurisant, angoissant, l’espace de la classe peut alors être rassurant, connu et prévisible par les activités ritualisées qu’il propose.

Lorsqu’il arrive à l’hôpital, l’élève malade vit une rupture avec son environnement habituel. De même, lorsqu’il quitte l’hôpital, il doit se réhabituer à son domicile et à son école ordinaire. Si ses séjours à l’hôpital sont courts mais répétés, il vit de multiples ruptures (entre l’hôpital et l’école ou la maison) que les rituels scolaires, dans leur fonction de transition, peuvent atténuer.

L’élève et l’enseignant n’ont aucune maîtrise du temps hospitalier. Par contre, grâce aux rituels de calendrier ou de programmation des activités, le temps est à l’école, une donnée que l’enfant appréhende, comptabilise et apprivoise parfois à l’aide d’un minuteur visuel par exemple. De même, même si l’enseignant ne dispose pas d’un espace physique de classe ou que l’élève ne peut quitter son lit, l’institution scolaire existe avec ses règles de vie que les rituels transportent.

Les rituels scolaires inscrivent l’enfant dans le groupe social des élèves. Malgré l’impossibilité parfois de participer à des activités scolaires collectives, l’élève malade peut réaliser les mêmes rituels que ses pairs (la « date », la « météo », la « boite à énigme », le « jogging d’écriture » où l’élève pioche dans un sac deux ou trois mots qu’il doit utiliser dans un écrit), et grâce à leur vertu symbolique d’appartenance, ne plus se sentir seul comme lorsqu’il est face à la maladie ou à l’équipe médicale.

Face aux soins, l’enfant n’a pas la parole et n’a aucune maîtrise ; il doit subir les examens et les traitements qu’il reçoit. Les outils rituels au contraire lui proposent des activités autonomes, dont il connaît et maîtrise les actions.

Le jeune est confronté à l’évolution de sa maladie. Cela peut prendre la forme d’indices physiques comme une variation de ses douleurs ou de sa vitalité. À l’opposé, les rituels scolaires lui montrent ses avancées intellectuelles, ses progrès cognitifs, ses acquis scolaires, ce qui peut le détacher de la prégnance corporelle de la maladie.

Pour l’enseignant à l’hôpital, face à des groupes hétérogènes, les rituels rassemblent et permettent la différenciation des apprentissages. Proposant des rituels que les élèves s’approprient, l’enseignant peut les adapter aux élèves, au groupe et à l’état de santé de chacun ; par exemple, dans le rituel « Chaque jour compte », des exercices de niveaux scolaires différents peuvent être proposés, un élève peut aussi devenir « expert en mathématiques » et avoir alors la charge d’expliquer au groupe comment il s’y est pris.

 

Élèves malades scolarisés à l’école ordinaire (les rituels en classe ordinaire)

L’élève porteur de maladie chronique va à l’école de son quartier, la quitte pour des temps plus ou moins longs d’hospitalisation, y revient. Il dispose donc de plusieurs espaces de scolarisation et est scolarisé avec des groupes de pairs différents. Il est alternativement présent et absent, sa maladie a parfois des répercussions sur son apparence, son comportement, son attention, ses capacités à apprendre et ses relations avec les autres. Il peut souffrir et être fatigable. Elle le rend différent des autres élèves.

Les règles de vie ou de travail, construites par les rituels, permettent à l’élève de se retrouver dans un espace connu, de reprendre sa place. Il retrouve ses habitudes.

Un certain nombre de rituels sont mis en place, quel que soit le lieu de scolarisation, et même si leur forme diffère, l’élève malade se sent en pays connu (appel, placement, prise de parole, météo, agenda...)

Les rituels, par la possibilité de différencier les tâches, permettent à l’élève de ne pas se sentir différent (puisque chacun a une tâche particulière) même quand l’enseignant procède à un ajustement de ses consignes en prenant en compte les conséquences de la maladie sur les apprentissages de l’élève. Ils proposent un partage des rôles marquant l’appartenance au groupe (pour que le rituel soit réalisé, chacun doit participer) et permettent à l’élève de faire à nouveau d’emblée partie du groupe. Par exemple, dans le rituel du « bonjour », à partir d’un papier tiré dans une boite, l’élève doit oralement compléter des phrases et les partager avec le groupe (Bonjour ! Ce que j’aime le… (jour de la semaine) c’est…, Bonjour ! Ceux qui, comme moi, aiment…, se lèvent !)

L’aspect répétitif du rituel peut alléger la dépense cognitive de l’élève, surtout lorsqu’il est fatigable ou qu’il a un déficit intellectuel. En outre, le rituel étant connu, maîtrisé, donc plaisant à réaliser, il peut aider l’élève à se détourner ou se libérer provisoirement de sa douleur ou de ses angoisses éventuelles.

 

Élèves malades scolarisés à domicile (les rituels scolaires et la famille)

Les rituels scolaires sont pour certains faciles à reproduire à la maison, ils peuvent permettre de faire du lien dans la vie de l’enfant, même dans son domicile et les enseignants peuvent sans difficulté les expliquer aux parents. Certains rituels scolaires sont particulièrement transposables au domicile de l’enfant (météo, calendrier).

Par ailleurs, il faut souligner combien les écrits liés aux résultats scolaires ou au lien avec l’école (livret, cahier de correspondance école/famille, cahier de vie) sont des outils ritualisés importants dans une scolarité découpée ou fragmentée et ont un rôle essentiel à condition que leurs contenus mettent toujours en avant les capacités, les atouts, les ressources des élèves et ne se focalisent pas sur leurs difficultés. Certains de ces outils qui peuvent être déterminants pour l’orientation scolaire et professionnelle constituent les supports de rites de passage qui ponctuent les étapes d’un parcours scolaire (passage maternelle/CP, entrée au collège, entrée au lycée, examens…)

Les rituels à fonction sociale sont ou peuvent être reproduits à la maison, comme se dire bonjour, enlever son manteau, se laver les mains, attendre son tour pour parler... ; les règles de rangement ou d’organisation du travail sont aussi transposables et réutilisables au domicile de l’enfant.

Des rituels de mise au travail, s’ils sont connus des parents, sont souvent aisés à réaliser ; par exemple, « Trouver l’intrus », les « virelangues », les énigmes, le « mot du jour », l’écoute d’une musique ou la lecture d’un texte à l’enfant … De même, les rituels qui structurent le temps sont faciles à mettre en place à la maison (barrer les jours passés sur un calendrier, s’appuyer sur l’almanach des postes pour connaitre la durée des jours et des nuits, les phases de la lune…) Les parents peuvent eux-mêmes trouver des idées en rapport avec la vie familiale, qui favoriseront les liens vie à l’école/vie à la maison.

Enfin, les rituels familiaux comme celui du coucher, du repas ou de la toilette, mais aussi d’autres plus festifs comme l’anniversaire, Mardi gras ou le carnaval peuvent être associés à ceux de l’école. Ils proposent ainsi une continuité dans la vie de l’enfant malade, et combattent ainsi la fragmentation de son quotidien.

 

Récapitulatif des points principaux

Les rituels scolaires sont indispensables pour les élèves, quel que soit leur âge.

Ils aident à développer la socialisation et facilitent les apprentissages.

Leur variété est extrême et des rituels doivent être aménagés pour répondre aux Besoins

Educatifs Particuliers de certains élèves malades.

Les rituels sont des repères essentiels pour les élèves malades dont la scolarisation est souvent fragmentée du fait de l’absentéisme et de la multiplicité des lieux de scolarisation.

Ils peuvent être mis en place tant à l’école ordinaire, qu’à l’école de l’hôpital et à domicile.

Il est important de transmettre et de partager les rituels avec les familles

 

Pédagogies alternatives (Montessori, Freinet, Oury)

Maria Montessori : un article de la revue trimestrielle d’éducation comparée de l'Unesco, Perspectives

Association Montessori France : l'approche Montessori

Site de l'ICEM-Pédagogie Freinet (Institut Coopératif de l'Ecole Moderne) : qu'est-ce que la pédagogie Freinet ?

Célestin Freinet : un article de Jacques Pain, issue de l'Encyclopaedia Universalis sur le site meirieu.com

Fernand Oury et la pédagogie institutionnelle : un article de Jacques Pain sur le site meirieu.com

Fernand Oury et la P.I. : site du groupe de pédagogie institutionnelle de la Gironde

Pédagogie institutionnelle : site du centre de Guénouvry, Insitut Médico-Educatif- Centre d'Accueil Familial Spécialisé

16/03/21

Enquête et partage